lundi 16 février 2009

La naissance de Jeanne...

Mercredi 4 février, nous allons le midi pour le monitoring de contrôle. J’ai 8 – 5 de tension, le col s’est un peu raccourci mais rien de flagrant. Les sages-femmes me conseillent de bien manger et de me reposer.

Comme je ne sens toujours rien venir, nous allons au cinéma. Le film dure 2h30 ; je passe les contractions avec mon sifflet. On se couche vers minuit. Et trois quart d’heure plus tard, je me réveille à cause d’une contraction vraiment costaud.
Je file au toilette, j’ai l’impression qu’il y a du liquide aussi. Bon, pas de panique, j’attends la prochaine et je note l’heure. Elle arrive environ un quart d’heure plus tard. Ces contractions sont fortes, elles sollicitent le bas de mon dos et me donne envie d’aller à la selle. Je me demande si j’ai pas tout simplement la diarrhée.
Je me recouche en attendant la prochaine, qui ne tarde pas à venir. Boudiou, que ça travaille ! Je décide finalement de réveiller mon mari, une demi heure après moi.
Je l’appelle et lui dis simplement « Elle arrive ». Je suis toute émue de prononcer cette phrase.

On passe les contractions ensemble. Elles sont trop douloureuses en restant allongée sur le côté. Je me mets à quatre pattes sur mon tapis de gym et Tom me frictionne les reins. D’autres fois je me mets sur les toilettes et me balance.
J’ai toujours l’impression de perdre un peu de liquide à chaque contraction. Vers 3h du matin, je me décide finalement à appeler la maternité pour leur demander leur avis. Ils me disent de venir. Ca m’ennuie un peu car je n’ai pas envie d’y aller pour une fausse alerte. On prépare alors toutes les affaires, Thomas se rase pour recevoir sa fille avec douceur. Je me prépare une tisane clou de girofle-cannelle comme l’a conseillé Chantal. Je fais un peu de ballon.
Au moment de partir, nouvelle contraction. Elle me fait vomir. Hop, un bonbon et nous partons à la maternité. Tom m’y dépose et trouve une place juste en face.
Les sage-femmes nous accueillent, on dirait qu’on vient de les réveiller !
Elles me disent de m’installer mais j’ai une contraction qui me cloue sur place ; j’essaie de la faire passer en me balançant. On me pose ensuite un monito dans la salle de pré-admission. Je sors mon embout vert pour passer les contractions en position allongée. La sage-femme le reconnaît et sait que je suis suivie par Chantal. Elle a suivi des stages avec elle et De Gasquet ; ça me rassure énormément, je suis dans de bonnes mains. On m’examine : je suis dilatée à 3 !! Mince alors, c’est pour de bon cette fois. Il est 4h30 et on me fait entrer dans la salle de naissance. La sage-femme me tend un drap pour que je me couvre les fesses le temps d’y arriver mais personnellement, je suis dans un état second, je m’en fous un peu !
Tom me rejoint en tenue de schroumpft-papa. Le monito est sans fil. La petite va bien, nos rythmes cardiaques sont très proches, faut pas se tromper pour la surveiller.
Je me mets à quatre pattes avec le ballon sur le tapis de gym qu’on avait amener. Tom continue de me frictionner les reins. Les contractions sont de plus en plus douloureuses et rapprochées. On me demande mon choix pour la péridurale, je leur dis que je ne sais pas encore, que j’aimerais m’en passer.
Les sage-femmes trouvent que je « gère » bien. J’ai failli m’étrangler quand elles le disaient car c’était pas vraiment mon sentiment ! J’ai l’impression que mes fesses vont exploser à chaque contraction, tu parles de gérer !
Je demande quand est-ce qu’on préviendra docteur M., mon obstétricien. On me répond pas avant 8h ! C’est dans 3h, ça me déprime je ne pense pas tenir le coup à ce rythme là.
A 6h, je n’y tiens plus, je suis complètement submergée par la douleur, je la sens uniquement dans les reins ; de plus en plus forte à chaque fois. Je souffle tant que je peux dans mon sifflet ; il porte d’ailleurs la marque de mes dents. J’ai envie de pleurer, mais je n’en ai même pas le souffle. Je demande alors de l’aide avec une péridurale mini dosée.
On me la pose, sans aucune douleur. Je suis déjà à 8 cm (en 1h30, je passe de 3 à 8cm !). On m’injecte une très petite dose.Elle fait effet au bout d’un quart d’heure environ. J’arrive enfin à me détendre et à prendre conscience de ce qui est autour de moi. J’ai l’impression que le brouillard se dissipe. Je suis très heureuse d’être là, avec mon mari. C’est l’accouchement de notre fille.
Je vis bien le fait d’avoir demander une péridurale. La douleur m’aveuglait totalement ; et j’ai la fierté peut-être ridicule d’avoir tenu bon jusqu’à 8 cm.
Avec la péridurale, je suis allongée sur le côté. Les contractions continuent. Au fur et à mesure j’ai de plus en plus mal au côté droit de mes reins. Tom est obligé d’appuyer très fort à cet endroit pendant les contractions. On me réinjecte par deux fois de l’anesthésiant car je me plains beaucoup de cette douleur.
Je n’ose même pas imaginer ce que ce serait sans péridurale.
Deux heures plus tard soit à 8h, je suis enfin à dilatation complète. On me laisse alors jusqu’à ce que le bébé descende bien et que « j’ai envie de pousser ». Sauf qu’avec la péridurale, c’est pas flagrant. Elle descendrait peut-être mieux si je pouvais être debout mais j’en ai pas la force. Je le ressens un peu en quatre pattes aménagé. Doc M. arrive et on commence à me faire « pousser » avec l’embout. La sage-femme me demande de le faire ensuite de manière classique « inspirez bloquez poussez » mais j’y mets tellement de mauvaise volonté que ça ne fait pas descendre plus le bébé.
Après environ les 30min de poussée réglementaires, on m’installe en position gynécologique aménagée : les pieds dans les étriers mais les cuisses assez ramenées vers mon buste, et j’ai les bras en arrière que Tom me tiendra pour bien m’étirer pendant l’expir.
Commence alors l’expulsion ; je souffle aussi fort que je peux dans mon embout, je me rappelle le rôle des transverse et ne m’économise pas. La sage-femme qui est maintenant de garde n’a malheureusement pas suivi les stages avec Chantal et m’appuie sur le ventre. Ca me fait mal ; mais un sifflet dans la bouche, les bras tirés en arrière et les jambes en l’air pendant une contraction ne me permettent guère de lui signifier mon désaccord.
Doc M. parle d’aider le bébé à descendre avec une ventouse. Chantal nous avait montré ce que c’était et je ne suis pas inquiète. Je fais confiance au docteur.
J’ai les yeux fermés pendant les dernières contractions et je sens la force de la ventouse. Après coup, Thomas me dit que c’était plus que « guider le bébé », le bras de l’obstétricien tremblait tellement qu’il tirait ! Heureusement que je ne l’ai pas vu.
Ensuite, je sens enfin la tête de notre fille. Le docteur me dit de ne plus pousser. Il parle du cordon. Je comprends pas trop ce qui se passe. En fait, le bébé était retenu à l’épaule par le cordon. Il a fallu le couper rapidement.
Elle arrive, je sens son corps qui vient. On me tend un petit bébé qui crie. Je me rappelle pleurer en disant « c’est ma fille, c’est ma fille ».
Je la pose contre ma poitrine. Il est 9h52.

Jeanne est née. Elle est toute chaude et toute molle. Elle a déjà des cheveux. Elle est magnifique. Je lui embrasse la tête.
Je ne me souviens plus trop de ce que j’ai ensuite pensé. J’étais dans un état second. J’avais du mal à réaliser tout ce qui venait de se passer. C’est tellement rapide.
Pendant qu’on profitait des premiers regards de notre fille, le docteur me recousait. Je suis assez surprise qu’on m’ait fait une épisio sans me prévenir.
Mais je m’en fous, j’ai ma fille contre moi.
Son père la suit pour les premiers soins. On nous laisse ensuite seuls avec elle dans la salle de naissance numéro 11.
Elle pleure pendant 1h sans interruption ; le choc de la naissance a du être violent.
On nous aide ensuite à la mettre au sein, c’est pas évident mais elle finit par téter et se calmer.
A midi on nous amène dans notre chambre où nous allons faire connaissance avec notre fille pendant 5 jours.

mercredi 4 février 2009

Dix...

Cela fait 3 jours que j’ai dépassé le terme prévu pour ma grossesse. Il parait que c’est fréquent alors on essaie de conserver son calme.
Menfin, je suis dans le 10ème mois mine de rien !
Hier le moral n’était pas au top. On se demande si on y est pour quelque chose ; si on a mal fait quelque chose. Peut-être que je souhaite inconsciemment la garder au chaud avec moi. Peut-être redoute-elle de sortir ?
Peut-être se sont-ils trompés sur la date, tout simplement.

Le résultat est là : nous n’avons toujours pas notre bébé dans les bras. Je sais que d’ici vendredi (voire samedi), cela aura changé. On m’aura déclenchée très certainement. On m’a déjà décollé les membranes lundi.
J’ai eu l’impression de perdre du bouchon muqueux encore hier. Je suis à l’affût du moindre signe, c’est pathétique !
J’ai l’impression que ça pourrait être pour aujourd’hui, les contractions me semblent un peu plus fortes.
Aujourd’hui, je suis sensée retouner à la maternité pour un monito (le 5ème) et aviser de la suite des évènements. On se laisse encore la matinée, sait-on jamais…

Tout le monde s’impatiente, revoit son planning en fonction de ses disponibilités de visite et de congé. Et je suis au milieu de tout ça.
Je devrais être touchée par ces marques d’affection mais honnêtement je redoute vraiment l’après accouchement. Il me semble au dessus de mes forces de faire la discussion alors que j’aurai accouché la veille, que je vais devoir me débrouiller seule avec un allaitement et que je devrais dire « tout va bien, on se porte comme un charme ». Alors qu’au mieux, je serai exténuée et au pire découpée dans ma chair.
Je me fais peut-être des illusions, ce ne sera peut-être pas si terrible. Mais il me semble que si l’hospitalisation dure cinq jours c’est pour se reposer et non tenir un salon de thé pour faire découvrir notre merveille à la famille curieuse.

Je me prends la tête pour pas grand-chose, mais l’oisiveté dans laquelle je suis n’arrange rien.

Le bébé va bien, c’est l’essentiel ; mais si elle ne se décide pas rapidement à se montrer, l’accouchement sera déclenché chimiquement (injection d’ocytocine). Moi qui souhaitait un accouchement naturel, me voilà servie !
Surtout que cette injection augmente l’intensité et la fréquence des contractions, ce qui est difficile à supporter sans péridurale.

Il parait qu’il se produit ce qu’on redoute le plus. C’est possible. Mais avec toute cette attente, je crois que j’arriverais à me faire une raison si ça se passait comme ça. L’essentiel est que l’on ait enfin notre fille dans nos bras.